- CONGLOMÉRATS
- CONGLOMÉRATSLes conglomérats sont des roches détritiques consolidées, généralement sédimentaires, parfois volcaniques, constituées de fragments unis par un ciment naturel. Lorsque les fragments sont anguleux, il s’agit d’une brèche , lorsqu’ils sont arrondis (galets), d’un poudingue . Mais il peut exister des conglomérats où les éléments anguleux et arrondis coexistent (tillites ). Les fragments grossiers doivent représenter au moins 10 p. 100 de la roche et leur dimension doit être supérieure à 2 millimètres (rudites ). Le terme «microconglomérat» est parfois utilisé pour désigner une roche dont les éléments grossiers ont une taille voisine de cette valeur; dès que la taille en est inférieure, on a affaire à un grès. Lorsque les fragments et le ciment proviennent de la même formation, le conglomérat est monogénique . Il est polygénique dans le cas contraire.Les conglomérats contiennent rarement des fossiles; ils fournissent néanmoins de précieux renseignements aux paléogéographes et aux paléoclimatologues. L’examen des éléments grossiers peut en outre donner des indications sur l’origine géographique et géologique des matériaux originels, le stade de surrection et le processus de démantèlement des reliefs, le mode de façonnement, de transport et de dépôt des éléments.BrèchesL’origine du terme «brèche» est la racine indo-européenne bhrg («briser»); on peut en noter plusieurs dérivations: pierre cassée (italien breccia ), montagne à pan coupé (Brec de Chambeyron), casser (allemand brechen ).Les brèches d’éboulement proviennent du démantèlement d’un relief en voie de formation: brèche liasique de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). Ce sont des brèches intraformationnelles monogéniques . Elles peuvent prendre naissance sous l’eau et, dans ce cas, la cimentation est généralement rapide: brèches du Carbonifère du pays de Galles, du Tithonique subalpin (Jurassique supérieur), du Cénomanien pyrénéen.Les brèches de pente , ou brèches d’éboulis , se forment à sec. Elles peuvent être polygéniques et les fragments qui les constituent sont souvent classés. L’éclatement des roches est généralement dû à un phénomène atmosphérique: gel, dessiccation, variations brusques de température, d’où le nom de brèches météoriques qui leur est parfois attribué. La brèche rouge du Carbonifère des bassins de Dinant et de Namur, en Belgique, semble appartenir à ce type.Les brèches de dessiccation sont des brèches intraformationnelles monogéniques dues à la fragmentation de vases desséchées en blocs légèrement déplacés et ressoudés lors de l’inondation suivante. De telles brèches s’observent souvent dans les calcaires lacustres (calcaire de Beauce). La brèche siliceuse du Cambrien de l’Adrar mauritanien, bien développée, notamment au centre de la structure circulaire des Richât, semble avoir cette origine.Les brèches tectoniques , de friction , ou mylonitiques résultent du broyage mécanique de roches à la suite d’une fracturation (diaclase, faille, pli-faille). Ce sont des brèches monogéniques à fragments très anguleux qui renferment des minéraux optiquement déformés: marbre noir antique d’Arudy (Pyrénées-Atlantique) et d’Aubert, près de Saint-Girons (Ariège).Les brèches d’éclatement sont provoquées par une explosion volcanique ou la chute d’une météorite: brèche calcaire du Ries-Kessel en Bavière.Les brèches d’ossement , ou bone-beds , sont dues à la cimentation d’os de Mammifères dans des formations continentales (phosphorites du Quercy, couches à ossements de cheval de Solutré) ou d’os et de dents de Poissons dans des formations néritiques ou lagunaires (Éocène inférieur d’Afrique du Nord). Les unes comme les autres peuvent être de bons gisements de phosphates.Les brèches volcaniques résultent de la cimentation de projections, bombes et lapillis, mélangées souvent à des roches encaissantes. Elles sont donc polygéniques.Les «mélanges» (nom français adopté par les géologues américains) désignent des brèches polygéniques de structure chaotique comprenant aussi des fragments de croûte océanique. On les rencontre dans les chaînes de montagnes qui résultent de subduction (cordillères de Californie, par exemple).PoudinguesCe terme, francisé au XVIIIe siècle, provient de l’anglais puddingstone (analogie avec le pudding , qui renferme des fruits dispersés dans une pâte; celtique poten ...).Contrairement aux fragments anguleux que contiennent les brèches, les galets des poudingues ont subi un certain transport. Ils peuvent provenir de blocs et de cailloux véhiculés par les cours d’eau et déposés au pied du relief: poudingues de piémont . Parmi les plus développés de ces poudingues de piémont, postérieurs à la surrection d’une chaîne de montagnes et témoins de son érosion, il faut citer: pour les Alpes, les poudingues miocènes et pliocènes de Riez-Valensole en Provence (épaisseur: 2 000 m, étendue: 2 000 km2) et de la molasse suisse (dans cette dernière, les galets sont parfois en relief, comme des têtes de clous, d’où leur nom de Nagelfluh ); pour les Pyrénées, les poudingues oligocènes de Palassou au nord, et de Montserrat au sud (Catalogne).Mais les poudingues peuvent aussi témoigner de l’étalement de galets sur un rivage. Ils apparaissent souvent lors d’une transgression (poudingue de base ), tel celui qu’on observe à la base des grès triasiques, mais peuvent apparaître à n’importe quel niveau d’une formation. Il suffit pour cela d’un apport fluviatile qui s’étale sur une plage, ou même sur le continent, dans une zone basse: poudingue sparnacien de Nemours, au sud de Fontainebleau.Parmi les poudingues d’aspect particulier, on mentionnera, dans les Alpes, le Verrucano , conglomérat permo-triasique aux colorations vives, à galets blancs de quartz, rouges de rhyolite, et verts d’ophiolite.TillitesLe nom de ces roches est tiré de l’écossais till : argile peu fertile, en particulier argile à blocaux, d’origine glaciaire.Les tillites sont des conglomérats d’origine glaciaire (moraines consolidées) à fragments arrondis ou anguleux, très hétérométriques, unis par un ciment pélitique ou arkosique, de coloration foncée. Ce sont typiquement des conglomérats polygéniques dans lesquels la disposition des galets peut indiquer le sens d’écoulement de la glace. Les tillites sont très répandues dans le Précambrien et le Paléozoïque de l’hémisphère austral: Sahara, Congo, Afrique du Sud, Australie, Amérique du Sud.
Encyclopédie Universelle. 2012.